jeudi 15 décembre 2016

Une âme de collectionneur

Plaques de vélo (collection particulière)

En faisant quelques rangements à l’approche des fêtes de fin d’année, je suis tombée sur un sac contenant des objets divers provenant de chez mes parents après leur décès. Je n’avais jamais eu le courage de les trier. J’ai tiré du sac les objets les plus hétéroclites : des billes, des osselets, des attaches parisiennes, des porte-plumes, des mines de crayon, des gommes, des porte-clés faisant loupe, un jeu de cartes, et j’en passe…
 Il y avait aussi des boîtes contenant des pièces de monnaie n’ayant plus cours, de France et de l’étranger. Et parmi elles, de jolies pièces en argent émises par la Monnaie de Paris à l’occasion de divers événements. Une pièce d’argent de 100 F, que j’ai sous les yeux, émise en 1994, commémore la Libération de Paris, avec le général de Gaulle marchant en tête de ses troupes sur les Champs-Elysées. Une pièce, déjà un peu noircie, émise en 1982, représente le Panthéon avec la devise : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». Une autre, émise en 1993, commémore le bicentenaire du musée du Louvre. D’autres ont été émises en mémoire d’un homme célèbre : Emile Zola et son roman Germinal (émise en 1985), le général La Fayette (émise en 1987), Descartes (émise en 1991).
J’ignore la valeur actuelle de ces pièces d’argent, et cela me donne envie de me remettre à la numismatique (j’avais commencé à collectionner les pièces de monnaie quand j’habitais en Suisse).
J’ai trouvé également des boîtes métalliques décorées provenant de bonbons et de pastilles diverses. Il y a des gens qui font la collection de ces boîtes, j’en ai vu dans des brocantes. Certaines peuvent être très jolies (les bêtises de Cambrai).
Et dans l’une de ces boîtes, était rangée une autre collection étonnante : des plaques de vélo ! Ces plaques, ancêtres de nos plaques d’immatriculation, étaient la preuve que le propriétaire s’était bien acquitté de la taxe sur les vélos. L’origine de la plaque de vélo française est la loi du 28 avril 1893 selon laquelle les possesseurs de vélocipèdes sont redevables d'une taxe annuelle de 10 francs pour chaque appareil.
La première en ma possession date de 1899. Mon arrière-grand-père, Marie Nicolas Mouton, né en 1870, avait donc 29 ans. L’âge auquel on avait besoin d’un vélo pour se déplacer au travail, comme de nos jours les jeunes ont besoin d’une voiture.
La seconde date de 1916 et le nom MOUTON est gravé dessus. J’imagine que c’est le premier vélo de mon grand-père André Mouton. Né en 1896, il avait alors 20 ans.
Les suivantes datent de 1929, 1930, 1931 et 1932. Mon père, né en 1919, était encore trop jeune pour avoir une bicyclette. Ce sont donc les plaques du vélo de mon grand-père que mon père a collectionnées avec ferveur.
Mon père avait une âme de collectionneur. Il m’a transmis son goût pour collectionner toutes sortes de choses : les timbres, bien sûr (philatélie), mais aussi les "flammes" sur les enveloppes, les cartes postales, les boutons (ça, c’était plutôt ma mère), les fèves de galette des rois (fabophilie), les capsules de bouchons de champagne (placomusophilie), et les pièces de monnaie (numismatique). J’ai transmis ce goût de la collection à mon fils. Au moins, les efforts de mon père et les miens auront porté leurs fruits et les objets collectionnés ne seront pas dispersés et perdus (du moins, je l’espère). Quant aux petits-enfants, âgés de 8 et 13 ans, je ne sais pas encore. On verra !


jeudi 22 septembre 2016

La maison de mon grand-père

En 1920, mes grands-parents et mes arrière-grands-parents se sont installés dans la maison construite par mon arrière-grand-père Léon, maçon, 28, rue de la Prévoyance (aujourd’hui rue Max Dormoy), à Noisy le Grand (Seine Saint Denis). Cette maison se composait de huit grandes pièces : quatre au premier étage pour le jeune ménage, et quatre au rez-de-chaussée pour mes arrière-grands-parents.
Quelques années plus tard, mon grand-père André a décidé de construire sa propre maison. N’était-ce pas le rêve de tous ? En travaillant comme machiniste à la RATP, il a réussi, à force d’économies, à acheter un petit bout de terrain et il s’en est trouvé un à vendre, (459 m2), dans une rue parallèle à la rue de la Prévoyance, la rue Carnot, contigu à celui de son père. Une porte a été percée dans le mur mitoyen pour permettre de passer de l’un à l’autre. Le 7 juillet 1931, mon grand-père a fait une demande d’adduction d’eau à la commune de Noisy-le-Grand, qui lui a été accordée le 16 juillet 1931. Le branchement d’eau a coûté 544,55 francs de l’époque. Le compteur d’électricité a coûté 356,00 francs. Mon père avait 12 ans.
Aidé de son père et de son frère Alfred, maçon lui aussi, mon grand-père André a construit sa maison. C’était dur, car mon grand-père et mon grand-oncle avaient un autre métier à plein temps. Mais cette maison, c’était le rêve de mon grand-père. Être chez soi. Je pense, quand même, qu'il s’est tué au travail. La maison a dû être terminée en 1932. Mon grand-père est mort en 1938.

La maison était de dimensions beaucoup plus modestes que celle de mon arrière-grand-père Léon : deux pièces carrées en bas (sous-sol semi-enterré), un escalier extérieur avec un perron, au centre, sur le devant de la maison, et un escalier intérieur qui menait aux deux pièces du premier étage (salle à manger et chambre des parents). Un autre escalier, plus raide, conduisait aux chambres du grenier.
J’ai bien connu cette maison dans mon enfance, puisque ma tante Argentine, une fois mariée avec mon oncle Edouard, en 1937, y habitait encore avec leurs trois garçons et ma grand-mère Henriette, devenue veuve. Pour moi, c’était « la maison des cousins ».
Mon oncle, ma tante et mes cousins
devant la maison du grand-père

Cette maison a été le témoin de bien des bonheurs, mais aussi de bien des peines.
D’abord, il y a eu les années heureuses. Mon arrière-grand-mère Anna a gagné son pari et les jumeaux prématurés, qui avaient l’air si fragiles, ont atteint tous les deux l’âge adulte, se sont mariés et ont eu des enfants.
J’aimais aller « chez les cousins », accueillie par leur chien Bari, qui aboyait et sautait de joie comme un fou à notre arrivée, pour jouer avec eux dans le jardin aux cow-boys et aux Indiens, grimper dans l’abricotier et autres jeux de garçons auxquels je n’étais pas habituée. C’est dans cette maison qu’on se retrouvait pour le Nouvel An autour d’une grande table, trois générations réunies. Mes cousins, excités par ma visite, faisaient un tas de bêtises et étaient punis. Leur père les envoyait au coin et après la punition il fallait revenir en disant :
- Pardon Papa, je ne le ferai plus.
Et moi, j’essayais de me faire punir comme eux, pour occuper le quatrième coin !
Mon oncle Edouard, ma tante et ma grand-mère officiaient en cuisine. Je ne me souviens pas de toutes les bonnes choses que nous avons mangées, sauf une : le pâté de lapin en croûte. C’était la spécialité de ma grand-mère et il était délicieux !

Mais il y a eu aussi des années difficiles : en 1938, la mort de mon grand-père André, âgé de 42 ans seulement. Puis en 1940, la mort de mon arrière-grand-père Léon, âgé de 69 ans. Mon arrière-grand-mère Anna a perdu son fils et son mari en l’espace de deux ans.
Plus tard, une autre tragédie s’est abattue sur la famille : en 1958, ma chère tante Argentine (qui était aussi ma marraine) est décédée d’une leucémie, âgée de 38 ans, en laissant trois jeunes enfants.
Comme mon arrière-grand-mère Anna, ma grand-mère Henriette a eu la douleur de perdre son mari et son enfant, et mon père l’immense chagrin de perdre sa sœur jumelle. Il ne s’en est jamais remis. Il a conservé jusqu’à la fin de sa vie une rancune tenace contre la médecine et une haine profonde, viscérale, des médecins en général, parce qu’ils n’avaient pas réussi à sauver la vie de sa sœur.

Pour moi, cette maison est chargée de souvenirs. C’est la maison où mon père et sa sœur ont passé leur enfance, où mon oncle et ma tante, ont vécu de nombreuses années avec leurs trois enfants et ma grand-mère.

Bien des années plus tard, le 8 août 1980, c’est ma grand-mère qui est partie rejoindre ses aïeux. La maison a dû être partagée entre les héritiers (mon père et mes trois cousins). Une estimation pour la vente a été faite par une agence immobilière. Le terrain était bien situé, proche du RER de Bry-sur-Marne, mais la maison était en mauvais état et nécessitait beaucoup de réparations. Il aurait fallu faire des travaux pour la mettre au goût du jour (il n’y avait pas de salle de bain !).

Je n’imaginais pas à quel point mon père était attaché à la maison de son enfance. Il a racheté la part de sa sœur à ses neveux (mes trois cousins), et il est devenu propriétaire de la maison en 1983, à 63 ans. Malheureusement, il n’a pas fait, ni fait faire, les travaux d’entretien nécessaires pour la maison.
Il se contentait d’y aller de temps en temps, tout seul, faire le jardin (probablement en ressassant ses souvenirs). Comme il avait déjà son propre jardin  à entretenir au Perreux, mon père ne pouvait pas aller très souvent à Noisy.
 Dans le voisinage, on s’est aperçu que la maison n’était pas habitée, et un jour elle a été squattée. En 1987, la police est intervenue parce que les squatters avaient effectué un branchement d’électricité illégal directement sur un poteau. Les voisins se sont plaints aussi car le jardin était dans un état épouvantable à cause des squatteurs : sale, plein d’objets et de détritus. Mon père, âgé de 68 ans, a demandé à la police de faire évacuer les squatters, mais la police a refusé. Ce n’était pas leur problème ! La mairie non plus. Les agences immobilières mettaient des papillons dans la boîte aux lettres : « Plusieurs clients recherchent un pavillon dans votre quartier. Si vous êtes vendeur de celui-ci, contactez-moi le plus rapidement possible au numéro… Estimations sous 48 heures ». « Au cours de nos démarches, nous avons eu connaissance que vous étiez propriétaire d’un bien sis 34, rue Carnot à Noisy le Grand. Nous sommes à la recherche d’affaires pour nos clients. Au cas où vous seriez vendeur, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous contacter. Nous sommes à votre disposition, etc. »
A la suite des plaintes des riverains, en avril 1997, mon père a été mis en demeure par la mairie (direction des services techniques) d’entretenir sa propriété. Une partie de la clôture avait été enlevée et le pavillon était squatté. Mon père avait 77 ans, il allait sur 78. Il ne se décidait pas à vendre. Il a reçu un rappel de la mairie le 12 mai, lui enjoignant de faire le nécessaire dans les plus brefs délais. Mon père n’a rien fait.
Pourquoi avait-il acheté cette maison, qui devait lui coûter cher (les impôts) ? Peut-être pour moi, sa fille unique chérie. Mais j’habitais au Japon, à l’époque, et je ne pensais pas revenir m’installer en France.
De plus, mon père ne m’en avait rien dit. Je n’ai su que beaucoup plus tard qu’il avait acheté cette maison.
Une dernière lettre de la mairie était vraiment alarmante : « La présence de rats, de détritus et le délabrement du pavillon provoquent pour le voisinage une insécurité et une insalubrité. Dans l’état actuel de l’ensemble de la propriété, il n’est pas envisageable que quelqu’un y habite. En effet, la propriété doit être clôturée et la maison doit être complètement fermée et murée. Dans le cas où ces nuisances viendraient à se poursuivre, je vous informe qu’un procès-verbal sera adressé à Monsieur le Procureur de la République. Je vous prie d’agréer… »
Finalement, le 1er octobre 1997, mes parents se sont décidés à vendre. Ils avaient beaucoup trop attendu. Quand mon père a enfin contacté les agences immobilières, la maison ne valait plus rien. Finalement, une société a racheté la propriété au prix du terrain et a fait raser la maison pour construire un entrepôt. Telle est la triste fin de la maison de mon grand-père,


jeudi 28 juillet 2016

Jeux d'enfants hier et aujourd'hui

Dans mon idée, c’était à nous, les grands-parents, de « transmettre » les choses du passé à nos descendants.
Mais en matière de jeux, la mode change vite et il me paraissait vain de raconter mes jeux des années 50 et 60 à mes petits-enfants.
Au fait, quels étaient ces jeux de mon enfance ?
Cerceau, corde à sauter, marelle, balles, osselets, yo-yo, diabolo, patins à roulettes. Il y avait aussi le manège et les balançoires (payants) et le tas de sable pour les plus petits. Excepté le cerceau et la marelle, plutôt utilisés par les filles, ces jeux étaient pratiqués par tous les enfants.
Pendant mes vacances à la montagne, j’avais découvert d’autres activités comme les échasses ou « cache-boîte », une variante des nombreux jeux de cache-cache. En échange, j'avais montré à mes amies savoyardes comment jouer au diabolo et j'avais appris à jouer de la flûte à bec à l'une d'entre elles.


A Paris, au jardin des Tuileries et au Luxembourg, les enfants faisaient naviguer un bateau à voile d’un bord à l’autre du grand bassin rond. Le loueur de bateaux possédait une grande perche permettant de ramener au bord les voiliers égarés (ils n’étaient pas télécommandés !). 
J’ai eu la surprise, pendant ces dernières vacances avec mon petit-fils Pierre, de voir qu’il pratiquait plusieurs de ces jeux. Il a participé avec son école à un atelier du cirque où il a appris à jongler à trois balles.
Quand j’étais petite, je jouais plutôt bien avec deux balles, soit contre un mur, soit en l’air. Mais je n’avais jamais appris à jongler avec trois balles et mes quelques essais s’étaient révélés plutôt piteux. Pierre m’a montré comment il fallait s’y prendre (il y a une méthode !). Il jongle déjà très bien. J’étais heureuse de retrouver l’atmosphère de mon enfance avec lui.
Ensuite, Pierre m’a raconté qu’il avait appris à jouer au diabolo. Ah ? Ce jeu était mon favori. En vacances dans le Massif Central, à La Bourboule, puis à Aussois, dans les Alpes, j’y jouais avec mon père. Face à face, nous lancions le diabolo très haut dans le ciel et le rattrapions à tour de rôle, sans jamais le laisser tomber (enfin, presque !). Je faisais tourner le diabolo de la main droite, dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, et mon père le faisait tourner de la main gauche et dans l’autre sens, puisque nous nous faisions face. Que de bons souvenirs !
Mais il paraît que la technique est passée par là. Les nouveaux diabolos possèdent des roulements à bille et sont bien plus performants. Ils permettent de faire toutes sortes de figures difficiles et qui impressionnent le public. Bon ! Il faudra que je m’achète un nouveau diabolo et que je m’y remette. Pour les balles aussi, on trouve maintenant des modèles plus faciles à prendre en main. Je suis sûre que quelques exercices de jonglage sur la plage ou dans un pré seront une excellente gymnastique pour mes bras !
Les patins à roulettes à quatre roues ont été détrônés par les rollers, le cerceau s’est transformé en « hula-hop », la marelle n’a plus tellement la cote. Le Rubiks Cube a remplacé les jeux avec des touches qu’il fallait faire glisser une par une pour remettre en ordre les chiffres ou les lettres. Mais dans l’ensemble, les jeux de base demeurent. 



Côté transmission, je suis fière d’avoir enseigné la flûte à bec et le solfège à Pierre. Il a atteint un bon niveau et a commencé cette année à apprendre un nouvel instrument plus complet : la guitare. Mais d'un autre côté, c’est lui qui m’a montré que les balles de jonglage et le diabolo, les jeux de mon enfance, sont toujours à la mode. J’en suis ravie. La transmission se fait dans les deux sens !

vendredi 1 juillet 2016

Les archives et les généalogistes


Comme tout le monde, j’ai été amenée à effectuer mes recherches généalogiques en ligne sur différents sites des archives départementales. Certains existent depuis longtemps, d’autres n’ont ouvert que plus récemment. Certains offrent un grand choix, allant de l’état-civil jusqu’au cadastre, en passant par les recensements de population, les registres matricules, les tables de successions et absences et les documents iconographiques. D’autres, au contraire, semblent partager à regret leurs archives, limitent les périodes mises en ligne au strict minimum et interprètent les directives de la CNIL dans le sens le plus restrictif. Pourquoi ?
Dans certains départements, le seul fait de se présenter comme un généalogiste amateur semble susciter immédiatement la défiance.
Quelques services d’archives départementales vont jusqu'à imaginer que lorsque la plupart des documents seront mis en ligne, ils n’auront plus personne dans leurs salles de lecture et qu’à long terme leur existence même est menacée.
Cette attitude faite de méfiance et d’incompréhension n’a pas de raison d’être. Les généalogistes sont de la même espèce que les archivistes. Ce sont des chercheurs, intéressés par les documents anciens, qui tentent de reconstituer la vie de leurs ancêtres. Si au départ l’intérêt de consulter les archives en ligne est un gros avantage pour tous ceux qui sont éloignés géographiquement de leurs racines, il n’en demeure pas moins que cela n’exclut nullement le besoin de se rendre sur place pour effectuer ultérieurement des recherches plus approfondies.

aux AD de la Seine et Marne
Une attitude coopérative est donc doublement productive et montre aussi que les archivistes sont fiers de leurs fonds et heureux de les partager.
J’aimerais citer deux services d’archives qui ont été particulièrement obligeants :
1) Les archives municipales de Gennevilliers, qui m’ont envoyé par mail en un temps record la photo de l’acte de décès de mon arrière-arrière-grand-père (alors que parallèlement, d’autres AD me facturaient leurs photocopies).
2) Les archives départementales de la Seine et Marne. Beaucoup de mes ancêtres sont originaires de ce département et je fréquente assidûment leur site, qui est très bien fait et assez fourni. Récemment, ils ont modernisé la visionneuse à laquelle j’étais bien habituée. Il m’a fallu quelques minutes pour m’y retrouver, mais ensuite je me suis aperçue que les améliorations apportées avaient entraîné la suppression d’une fonction qui était très utile : « garder les réglages ». En effet, après avoir choisi avec le zoom un certain grossissement (65%, par exemple), il suffisait de cliquer sur « garder les réglages » pour feuilleter tout le reste du registre avec la même taille facilitant la lecture.
Déçue, j’ai envoyé un petit courriel aux AD pour leur expliquer mon problème. Après tout, peut-être que je n’avais pas trouvé le bon bouton !
Le lendemain, j’ai reçu un appel téléphonique d’une personne des archives, très aimable, qui m’a proposé de répondre à ma question. Avec beaucoup de patience, elle m’a commenté en direct, sur un exemple concret dans une ville de mes ancêtres, la nouvelle configuration du site. Elle m’a fait cliquer sur les différents boutons et m’a montré tout ce que l’on pouvait faire et ce que l’on pouvait obtenir.
Notre conversation est devenue un atelier pratique, qui a duré une bonne dizaine de minutes. J’ai découvert certaines fonctions et appris à en utiliser d’autres. J’étais vraiment contente. Mon interlocutrice m’a répété à plusieurs reprises que les archives départementales étaient à l’écoute des généalogistes, et qu’elle était très heureuse que j’utilise souvent leur site.
Quant à la fonction « garder les réglages », elle n’y est pas pour le moment. Il semble qu’elle n’ait pas été jugée importante. Mais la refonte du site n’est pas terminée et puisque les archives sont à l’écoute de leurs utilisateurs, j’ai cru comprendre qu’il était question de la rétablir dans les semaines qui viennent. Je crois fermement aux vertus du dialogue.

Les archives départementales de la Seine et Marne


Et cela me donne l’idée de refaire un de ces jours une petite expédition aux archives de la Seine et Marne,  à Dammarie-les-lys, près de Melun, un mardi ou un mercredi, afin de remercier de vive voix la charmante archiviste (en évitant la semaine du 15 au 21 août, qui est la date de fermeture annuelle). Voilà ! Je reprends mes recherches !

jeudi 26 mai 2016

Le mystère des frères Mouton s’éclaircit

Ce billet fait suite à celui intitulé « Des trouvailles inespérées grâce à mon blog ». Cette année, en effet, grâce à ce blog, j’ai obtenu de nombreuses informations cruciales qui me manquaient. Ces renseignements m’ont permis de combler certains trous dans le vaste puzzle familial virtuellement étalé sur ma table. Je suis très reconnaissante à mes correspondants de m’avoir aidée d’une manière désintéressée à reconstituer une partie de la vie de mes ancêtres émigrés à Key West, aux États-Unis.
Cependant, il reste encore de nombreux points d’ombre. Sur la fin de la vie d’Armand GRANDAY, je ne sais toujours rien. Où est-il mort ? Dans quel pays ? Et en quelle année ? Et puis, qu’est devenu Charles MOUTON Jr. ? Je savais que son père était revenu en France, à Montereau-Fault-Yonne, en 1920, pour faire soigner sa femme Juliette (Julia) qui était malade. Le jeune Charles, âgé de 16 ans, était avec eux. Charles père est décédé à Montereau bien des années plus tard, le 19 octobre 1957, âgé de 83 ans, mais je n’ai pas pu trouver l’acte de décès de sa femme. Quant à Charles Junior, étant né et ayant été à l’école à Key West, il devait être bilingue et peut-être même parlait-il mieux l’anglais que le français. Dans ce cas, il y avait de fortes chances pour qu’il soit reparti aux États-Unis. Mais comment le retrouver ? J’entrais dans la généalogie descendante, plus difficile que la généalogie ascendante car les actes récents ne sont pas disponibles.
J’ai demandé à mon correspondant de Key West, Corey Malcom, le Directeur archéologique de la Société Historique Maritime Mel Fisher, s’il savait ce qu’était devenu Charles MOUTON Jr. Apparemment, il l’ignorait. Il n’a gardé le contact qu’avec les descendants de Louis MOUTON, la famille POMERLEAU, qui sont restés aux États-Unis. J’espère d’ailleurs pouvoir communiquer avec eux bientôt.
Mais il y a quelques jours, j’ai reçu un curieux message sur mon blog. Un certain David m’écrivait qu’ « elle était très émue et surprise » de lire mes recherches sur les familles Granday et Mouton. Il (elle) pouvait me donner plus d’éclairage et de photos. Nous avons échangé notre adresse mail sur messenger et j’ai reçu une très longue lettre de la maman de David, peu experte dans les nouvelles technologies.
J’ai lu lentement et avec avidité cette lettre.
Quelle joie et quelle excitation en découvrant au fil des lignes tout un pan de la vie de cette cousine française inconnue ! Plusieurs morceaux du puzzle venaient s’emboîter exactement dans les espaces vides pour dessiner une histoire familiale rocambolesque.
Mais le plus étonnant, c’était que cette cousine, qui n’a jamais fait de généalogie, ignorait des faits sur sa famille que j’étais, moi, en mesure de lui apporter ! J’allais pouvoir enfin, à mon tour, aider quelqu’un à retrouver ses racines !
Cette cousine, Ghislaine Mouton (épouse Behar), c’est le maillon manquant qui relie le mystère des trois frères (je ne peux pas m’empêcher de repenser à l’album d’Hergé : « Tintin et le secret de la Licorne ». Vous savez ? « Trois frères unys. Trois licornes voguant de conserve au soleil de midy »). Bon. Je m’égare. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
Pourtant, eux aussi, ils étaient trois frères, nés à Verneuil-l’Etang (Seine et Marne) :

Marie Nicolas MOUTON
(archives personnelles)

1 - Marie Nicolas MOUTON, dit Léon, mon arrière-grand-père, né le 12 novembre 1870, est le fils de Nicolas Marie MOUTON et d’Hermine Victorine Léonie GRANDAY. Hermine avait un jeune frère, Armand GRANDAY, cuisinier, né le 17 septembre 1833 à Fontenay-Trésigny. C’est lui qui est parti le premier aux Etats-Unis, où il a travaillé comme cuisinier, d’abord à New York, puis à Key West, où il a concocté une délicieuse recette de soupe à la tortue et créé la conserverie pour la mettre en boîte et la vendre. Marie Nicolas MOUTON, mon arrière-grand-père, a épousé Henriette Anna GARNIER. Ils n’ont pas voulu aller à Key West mais mon arrière-grand-mère Anna a entretenu une longue correspondance avec ses beaux-frères Louis et Charles jusqu’en 1913. Ils sont restés toute leur vie en région parisienne, où ils sont morts, lui à Noisy-le-Grand, et elle au Perreux-sur-Marne.

Louis Mouton
(archives familiales)

2 - Louis Marie MOUTON, né le 20 juin 1872, a épousé Georgina VERLOT en 1896 à Fontenay-Trésigny (Seine et Marne). Ils sont partis la même année rejoindre l’oncle Armand GRANDAY à Key West pour l’aider dans la conserverie de soupe à la tortue, où Louis a appris le métier. Ils ont eu une fille, Léona Marie MOUTON le 26 novembre 1896. En 1904, Armand GRANDAY, 71 ans, a vendu sa conserverie à Louis MOUTON, 32 ans, qui est devenu directeur. Mais en 1909, Louis MOUTON est brusquement tombé malade et il est mort à Key West, âgé de 37 ans. Georgina, devenue riche, est restée aux états-Unis, et a marié sa fille avec un Canadien naturalisé américain, Louis POMERLEAU. On trouve leurs tombes dans le cimetière catholique de Key West.

Charles Mouton (père)
permis de travail sur l'eau émis pendant la première guerre mondiale
(photo envoyée par Corey Malcom)

3 - Charles Alexandre MOUTON né le 27 mars 1874, a émigré aux Etats-Unis pour rejoindre son oncle Armand GRANDAY et son frère Louis en 1898. Il a épousé Juliette LADOUET le 30 janvier 1901 à Pontault-Combault (Seine et Marne). Elle l’a rejoint à Key West. Ils ont eu un fils, Charles Junior, né le 21 mai 1904 à Key West. Charles, le père, s’est fait naturaliser américain en 1913, âgé de 39 ans. Il semble donc qu’il avait l’intention de rester aux Etats-Unis. Il a travaillé comme « manager » de la conserverie, qui appartenait maintenant à Norbert Thomson, jusqu’en 1920. Mais sa femme Juliette (Julia) est tombée malade et ils sont rentrés en France pour la faire soigner. Ils ont acheté une maison à Montereau-Fault-Yonne. En 1924, Charles s’est fait enregistrer au consulat américain. Mais ensuite ? Que s’est-il passé ? Que sont-ils devenus ?

Charles Mouton Junior
permis de travail sur l'eau, émis pendant la Première Guerre Mondiale
(photo envoyée par Corey Malcom)

La suite de l’histoire, c’est ma cousine Ghislaine, la fille de Charles MOUTON Jr., qui me la raconte. Finalement, Charles Alexandre MOUTON père n’est pas reparti aux Etats-Unis. Son fils, Charles MOUTON Jr. est resté en France, lui aussi. Il est devenu « chauffeur » (en anglais), c’est-à-dire chauffeur de maître, au Ritz, à Paris. Avec sa belle voiture américaine, il conduisait des personnages importants en Italie, en Espagne, au Luxembourg, en Belgique. Puis il s’est marié avec Andréa VIRIL et ils ont eu quatre enfants, dont Ghislaine, la cousine retrouvée grâce à mon blog sur Internet !

Ghislaine prépare un court séjour aux Etats-Unis (la veinarde !) et tient absolument à passer à Key West pour la troisième fois. Dommage que nous ne soyons pas connues plus tôt ! Je l'aurais volontiers accompagnée là-bas ! D’autant que je parle anglais : nous aurions pu communiquer avec les propriétaires du restaurant le Turtle Kraal et avec Corey Malcom, le Directeur archéologique de la Société Historique Maritime Mel Fisher, spécialiste de la pêche à la tortue à Key West et de son déclin. Mais ce n’est que partie remise : j’espère bien aller à Key West l’an prochain avec Ghislaine et mes cousines Josette et Martine pour une « cousinade ». Un beau projet, n’est-ce pas ? 

jeudi 7 avril 2016

Une aide providentielle



Mon ardeur généalogique des premiers temps s’était un peu essoufflée dernièrement. Je pataugeais parmi des ancêtres voyageurs peu coopératifs (de mon point de vue) et je ne savais plus très bien où j'en étais dans mes recherches. Alors, suivant le conseil maintes fois répété par mon père : « Il faut changer ses préoccupations en occupations », je me suis attelée à la tâche rébarbative (et douloureuse) de trier les cartons rapportés de la maison de mes défunts parents.

Mes chers parents avaient conservé une foule de choses inutiles (je suis, comme eux, de ces gens qui aiment garder tout ce qui pourrait peut-être servir un jour, ou qui adorent collectionner tout ce qui se collectionne, depuis les timbres, les cartes postales, les lettres, les photos, jusqu’aux bouchons de liège des bouteilles de vin et aux capsules qui coiffent les bouchons de champagne). Quand j’ai eu fini de trier le premier carton, il ne restait plus que des petits carnets, remplis de noms et de dates, de l’écriture de ma mère, et des papiers épars.

J’ai jeté un coup d’œil sur les petits papiers. Mes parents ne faisaient pas de la généalogie au sens strict du terme. Mais ils en faisaient tout de même, sans le savoir. Sur un morceau de papier de récupération (mes parents étaient des modèles d’économie et pratiquaient la lutte contre le gaspillage d’une manière vertueuse), mon père avait tracé au crayon un tableau sur lequel il avait inscrit, de dix en dix, les années de 1840 à 1940. Puis il avait représenté en regard, d’un trait plus gras, la durée de vie de plusieurs membres de la famille : grand-père François et Maman Maria (sa femme), oncle Georges et tante Marie, papa François et oncle Edouard. Le tableau n’était qu’une ébauche, mais il montrait bien la période durant laquelle ces personnes avaient vécu simultanément (mais pas tous dans le même lieu). C’est une véritable « frise chronologique » telle que l’on nous montre dans le dernier numéro spécial de la revue française de généalogie (la généalogie d'Hervé) ! Je n’ai plus qu’à continuer le tableau. Merci, Papa !



Sur un autre petit carton (provenant d’une boîte de sucre ou de biscuits), ma mère avait noté, de son écriture régulière et penchée de bonne élève : Etreillers, mariage d’Yvonne, d’un côté (recto), et de l’autre (verso) : Vivaise, le pays de Georgette et de son père Baptiste. C’était beaucoup plus sibyllin.



J’ai ouvert ma généalogie sur Heredis et j’ai cherché Yvonne François. En effet, elle s’était bien mariée à Etreillers, le 29 octobre 1927 avec Louis Henri Joseph Fiévé. J’ai noté au passage que je n’ai pas leur acte de mariage, car c’est une date trop récente.

J’ai cherché ensuite dans ma généalogie Georgette François. Surprise ! Il y en a deux. La première, née en 1887 à Saint-Quentin, est décédée en 1891, âgée de 3 ans et 8 mois. Ce n’est donc pas d’elle que parlait ma mère. La seconde, Georgette Blanche, née en 1893 à Saint-Quentin, pourrait bien être un « enfant de remplacement », à qui on aurait donné le même prénom que sa sœur défunte. Mais en tout état de cause, leur père ne s’appelle pas Baptiste. Il s’appelle Louis Xavier Victor François. Ce sont des sœurs de mon grand-père (une étonnante famille de 16 enfants dont seulement cinq ont atteint l’âge adulte : oncle Georges, l’aîné, oncle Louis, tante Jeanne, Marcel Alfred, mon grand-père, et l’oncle Edouard, le dernier enfant). Et encore, l’oncle Louis est mort pour la France en 1914 au Four de Paris (Argonne) âgé de 33 ans et papa d’une petite fille. Il n'en est donc plus resté que quatre (cela fait penser aux "Dix petits nègres" d'Agatha Christie !). C’est en regardant à nouveau attentivement cette fratrie que j’ai repéré une chose : Edouard, le dernier enfant, a épousé sa cousine Georgette Hamet, qui est donc devenue Georgette François. Laquelle Georgette est née à Vivaise, et est la fille de Jean-Baptiste Hamet, dit Baptiste. CQFD. J’ai poussé un soupir de soulagement, avec l’impression d’avoir reçu un petit coup de pouce de ma mère, depuis l’au-delà. 

jeudi 3 mars 2016

Des trouvailles inespérées grâce à mon blog

J’avais déjà ouvert une page Facebook et je m’étais inscrite sur Geneanet quand, en août 2014, j’ai ouvert mon blog de généalogie. Au début, je ne voyais pas vraiment où tout cela pourrait me mener, mais le premier résultat, contrairement à ce que les gens imaginent, a été un réseau d’amitiés. Pas des amis virtuels, mais en chair et en os, partageant les mêmes intérêts que moi (la généalogie). Nous assistons ensemble aux conférences des « matins malins » de la Revue Française de Généalogie et autres salons généalogiques, et nous déjeunons ensuite dans des restaurants pas virtuels du tout !



Sur Geneanet, j’ai retrouvé des cousins éloignés. Certains m’ont donné des informations que je n’avais pas, ou corrigé des erreurs de date ou de lieu dans ma généalogie. J’ai découvert la signification de l’entraide.

Et puis, grâce à mon blog, j’ai eu deux heureuses surprises.

Un jour, j’ai reçu un message d’un généalogiste inconnu, intéressé par l’histoire de mes ancêtres partis aux Etats-Unis, en Floride, faire de la soupe à la tortue. Ce correspondant, Pierre-Louis Laude, n’était pourtant pas de ma famille, mais il m’a donné de nombreux liens et renseignements. Grâce à ses compétences en généalogie et en informatique, il m’a permis d’avancer à grands pas dans la recherche de cette branche de ma famille. Je lui en suis extrêmement reconnaissante.

Malgré tout, il me manque encore bien des informations. J’ai même envisagé (en dernier recours) de me rendre peut-être chez les Mormons (il y a une église près de chez moi) pour retrouver la trace d’Armand Granday, naturalisé américain, car je suis toujours à la recherche de son acte de décès.

Je me suis inscrite sur Ancestry (encore un site payant, malheureusement). J’y ai retrouvé la femme d’Armand Granday. Charlotte Beaton était finalement rentrée dans son pays après la mort de son fils Octave (38 ans) en 1899 au Kremlin-Bicêtre. Elle est décédée à Blean (Kent) en Angleterre le 11 mai 1919, âgée de 80 ans. Une indication, peut-être : elle est veuve à sa mort. Donc Armand Granday serait décédé avant 1919.

C’est alors que – deuxième surprise – j’ai reçu un message venant directement de Key West ! A la suite de mon billet « Le rêve américain 2 » sur mon blog, un chercheur américain m’a contactée pour me dire qu’il avait des renseignements sur l’histoire des familles Granday et Mouton en m’envoyant son mail personnel. Le texte était écrit dans un français un peu maladroit. Je lui ai répondu que je lisais et écrivais l’anglais sans problème et nous avons commencé à correspondre dans cette langue. Il était soulagé, car il devait utiliser un système de traduction automatique (un peu fastidieux)  pour écrire le français !

Mon correspondant n’est autre que le directeur archéologique de la Société Historique Maritime Mel Fisher qui gère le Musée de la Tortue à Key West ! Corey Malcom est un spécialiste de l’histoire de la pêche à la tortue (et son déclin) à Key West. Il a rédigé et m’a envoyé un intéressant document sur ce sujet. J’y reviendrai.

Mais C. Malcom m’a également appris des choses intéressantes sur Armand Granday. Après avoir vendu sa conserverie à Louis Mouton en 1904, il a voyagé entre Key West, le Mexique et Cuba. En 1906, il a ouvert une poissonnerie à Ciudad del Carmen, Campeche (Mexique) et il a obtenu la nationalité mexicaine. C. Malcom m’a même envoyé en pièce jointe les documents sur sa naturalisation. 
Journal officiel, secrétariat des affaires étrangères

En 1910, un entrefilet dans le journal local mentionne qu’il voyage de La Havane (Cuba) à Key West. Il a 77 ans. Pourtant, officiellement, d’après le recensement américain, il vit toujours chez sa nièce Georgina Verlot, la veuve de Louis Mouton, à Key West, Ward 1, Monroe (Floride).  À partir de cette date, je perds encore sa trace, mais Corey Malcom va continuer à faire des recherches et me tiendra au courant de ce qu’il trouvera.

Plus intéressant encore, C. Malcom connaît la famille Pomerleau ! Il s’agit des descendants de Leona Mouton, fille de Louis Mouton et de Georgina Verlot, qui a épousé Louis Pomerleau. J’ai donc bien encore des cousins vivants aux Etats-Unis ! Il va les prévenir et essayer de nous mettre en contact, s’ils sont d’accord. Ils ont été très coopératifs avec Corey Malcom pour sa recherche sur la pêche à la tortue et la conserverie. Ils lui ont prêté des photos et documents provenant de leurs archives. Je me demande si leurs archives pourraient compléter les miennes…

De son côté, Corey Malcom, qui semble se passionner pour l’histoire de ma famille, est allé au cimetière de Key West et a photographié les tombes de mes ancêtres, une touchante attention. Et, bien que je n’aie pas connu ces arrière-grands-oncles et grandes-tantes, c’était émouvant de voir les inscriptions sur leurs tombes.

La tombe de Louis Mouton et de sa fille Lilian
au cimetière de Key West (Floride)
photo : Corey Malcom

 Pendant ce temps, ma cousine Josette, en fouillant dans les cartons d’archives provenant de chez sa mère, a retrouvé de nouvelles lettres de la famille de Key West à ceux restés en France. La saga continue, et je commence à rêver d’aller un jour  faire une cousinade en Floride !! 

jeudi 25 février 2016

La tortue en soupe et dans les contes au Japon

Certains de mes amis écologistes ont été choqués par l’histoire de mes ancêtres partis aux Etats-Unis pour fabriquer de la soupe à la tortue. Heureusement, d’autres amis, gastronomes, ont compris que la chair de la tortue était un mets délicat. Mon ancêtre Armand Granday, après avoir fait son apprentissage dans les cuisines du château de Bois Boudran à Fontenailles (Seine et Marne), dans les années 1855-56,  a dû chercher un emploi de cuisinier, mais je perds sa trace pendant une bonne vingtaine d’années.

Je le retrouve en 1885, chef réputé, faisant des allers et retours en bateau (dans le salon des VIP) entre son village de Verneuil-l’Etang et New York, avant de s’installer à Key West et d’y créer sa conserverie de soupe à la tortue. Ce mets délicat était déjà connu et apprécié des Anglais depuis longtemps. Un poème vantait même les délices de cette soupe :

"Land of green turtle, thy very name 
Sets the longing alderman aflame”.

Pays de la tortue verte, ton seul nom
Fait brûler d’envie l’échevin (le magistrat).

Un mets de luxe, donc. Dans sa chronique « Histoire et gastronomie » sur Canal Académie[1], Jean Vitaux retrace l’histoire de la soupe à la tortue en Angleterre. Elle aurait été servie pour la première fois à Londres en 1711. C’est un dominicain gastronome – et cette congrégation en compte beaucoup (c’est moi qui le souligne) – le père Labat, qui a rapporté en 1742 des recettes à base de tortue et au XVIIIe siècle, la soupe à la tortue est devenue un classique de la cuisine anglaise.

Au XIXe siècle, la soupe à la tortue resta en vogue en Angleterre. En 1800, un tavernier londonien, Georges Painter, créa « The Ship and Turtle Tavern » où l’on pouvait manger tout un repas uniquement à base de tortue. Ce restaurant était très prisé de la clientèle aristocratique et Georges Painter fit fortune en vendant le potage de tortue au prix d’une guinée le litre, une belle somme pour l’époque.

Or, la femme d’Armand Granday, Charlotte Beaton, était anglaise. Même si le couple s’est séparé assez vite (je ne sais pas exactement à quelle date), il est possible qu’Armand Granday ait eu connaissance de la recette de la soupe à la tortue à l’anglaise par sa femme. Grâce à elle aussi, je suppose, il a appris l’anglais. Il a peut-être même séjourné en Angleterre ? La voie était alors toute tracée pour qu’il aille tenter fortune aux Etats-Unis.

Au Japon, on consomme aussi de la soupe à la tortue. Il s’agit de « suppon » une petite tortue carnivore à carapace molle. Cette soupe est considérée par les Japonais comme un mets de choix, qu’on sert dans quelques rares restaurants de luxe spécialisés. Elle aurait des vertus exceptionnelles pour la santé. Il existe aussi, comme en Angleterre, des établissements dans lesquels on peut faire un repas entier à base de tortue. J’ai  souvent remarqué des ressemblances entre ces deux pays insulaires. La soupe à la tortue en est une de plus.

Pourtant, paradoxalement, les Japonais ont une tendresse particulière pour les grosses tortues marines, symboles de longue vie et de sagesse. Pour illustrer le rôle symbolique de la tortue dans l’imaginaire des Japonais, je vais vous raconter l’histoire d’Urashima Tarô. Il s’agit d’un conte pour enfants très ancien dont l’origine est incertaine (peut-être venu de Chine).

Il était une fois, dans un petit village de pêcheurs, un homme nommé Urashima. Chaque jour, lorsque le temps le permettait, il partait à la pêche, dans son modeste bateau de bois. Il était encore célibataire et vivait avec sa mère, qui était veuve. Son père avait péri en mer quelques années plus tôt, lors d’une grosse tempête. Urashima était un jeune homme tranquille, attaché à son village, où tout le monde le connaissait bien. Il aimait jouer avec son chien sur la plage, et n’oubliait jamais de mettre de côté quelques sardines ou des entrailles de poisson pour son chat.
Assis sur la plage, à côté de son bateau tiré au sec, il ravaudait ses filets. Il n’avait rien pris depuis plusieurs jours et se préparait à repartir en mer. Le lendemain, à 4h du matin, il partit, seul, comme d’habitude. Il tirait ses filets depuis deux heures et n’avait pas pris beaucoup de poisson, quand soudain il sentit un poids inhabituel. Surpris, il remonta ses filets. Une énorme tortue marine s’était fait prendre. Il eut pitié de la pauvre bête. Pourtant, des gens, au village, disaient que la chair de tortue marine était délicieuse. Et dans certaines régions du pays, on fabriquait une soupe à la tortue réputée pleine de vertus pour la santé. Il en aurait tiré un bon prix. Mais notre pêcheur était bouddhiste et aimait les animaux. Urashima faisait juste une exception pour les petits poissons. Il fallait bien qu’il gagne sa vie !
Avec d’infinies précautions, pour ne pas lui faire mal, il dégagea doucement les filets emmêlés autour des pattes de la tortue et la remit à la mer. Puis il revint chez lui avec sa maigre pêche et raconta son étrange aventure à sa mère.
Le lendemain, comme ses filets étaient à nouveau déchirés à cause de la tortue, il s’installa comme à son habitude sur la plage, à côté de son bateau, pour ravauder ses filets. Le soleil était chaud, le ciel tout bleu.
Soudain, il vit une forme étrange qui émergeait de l’eau. Il se leva et fit quelques pas sur la plage en direction de la mer. A quelques mètres de l’eau, une grosse tortue verte marchait lentement vers lui. Il la reconnut immédiatement. C’était bien celle qu’il avait dégagée de ses filets et remise à l’eau.
Elle lui dit :
- Je voulais te remercier de m’avoir sauvé la vie. Monte sur mon dos. Je t’emmène dans mon palais. Je suis la fille du roi Dragon Ryûjin.

Urashima Tarô sur sa tortue
Sanctuaire Urashima-jinja à Kyoto
Wikimedia Commons

Urashima, sans se poser de question, obéit et s’assit sur le dos de la tortue, qui s’enfonça avec lui en nageant sous la mer. Arrivée dans son magnifique palais sous-marin, la tortue se métamorphosa en une belle princesse. Elle fit à Urashima tous les honneurs de son palais. On leur servit un festin avec une multitude de plats tels qu’il n’en avait jamais mangé d’aussi délicieux. On lui donna des appartements luxueux et il s’endormit comme dans un rêve.
Le lendemain, le palais bruissait de préparatifs comme pour une noce. La princesse Otohime conduisit Urashima à son père et Urashima, d’habitude si timide, osa lui demander la main de sa fille. Les fêtes durèrent plusieurs jours. Urashima vécut heureux avec la princesse, son épouse.
Elle lui avait juste demandé de ne jamais ouvrir la magnifique boîte noire laquée qui se trouvait dans le grand hall. Urashima avait promis.
Les jours et les années passèrent. Urashima avait tout ce qu’il pouvait désirer, y compris l’amour de la princesse. Pourtant, il se demandait ce que pouvait bien contenir cette fameuse boîte laquée à laquelle la princesse tenait tant. De l'or ? De l’argent ? Des pierres précieuses ? Il repensa à sa mère, qui devait se lamenter de son absence. Sans personne pour s’occuper d’elle, qu’allait-elle devenir ? Si seulement il pouvait lui rapporter un peu d’argent… Il éprouva soudain la nostalgie de son village et l’envie de revoir sa mère.
La princesse s’étant absentée, il eut envie d’ouvrir la boîte. Pourtant, il hésita. La princesse l’avait comblé. Il lui devait tout. Il n’avait qu’à lui demander un peu d’argent pour sa mère. Elle lui en donnerait sans difficulté. Mais c’était gênant de mendier de la sorte. Il aurait eu l’air de s’ennuyer avec la princesse. Au contraire, s’il prenait juste un peu d’or dans la cassette, elle ne s’en apercevrait même pas…
Il ouvrit la boîte. Aussitôt, en sortit une épaisse fumée et Urashima Tarô devint instantanément un vieillard chenu. La princesse apparut et lui dit :
- Tu as trahi ma confiance. Tu m’avais promis de ne jamais ouvrir cette boîte.
- Mais… mais… je voulais seulement… balbutia Urashima.
- Tu voulais revoir ta mère et ton village ? Vas-y ! Je te chasse de mon palais. Cette boîte que tu as ouverte contenait toutes les années que tu as vécues auprès de moi...
La princesse se transforma en tortue et le ramena sur la plage près du village, puis elle disparut à nouveau dans les eaux profondes.

Urashima chassé du palais
dessin de Yoshitoshi Tsukioka, 1886, Okami Wiki

Urashima se dirigea vers sa maison. Elle était en ruines. Il monta vers le centre du village et demanda aux gens qu’il rencontrait des nouvelles de sa mère. Personne ne la connaissait. Il chercha ses voisins, ses amis. Il n’y avait plus personne.
Finalement, il rencontra un vieil homme qui lui dit :
- J’ai entendu raconter par mon arrière-grand-père qu’un pêcheur avait disparu du village il y a fort longtemps. Oui, cela fait bien 100 ans que ce Urashima a disparu. On a retrouvé son bateau, mais on n’a jamais retrouvé son corps ! Allons! Je dis des bêtises ! Cela ne peut pas être vous ! Vous êtes un imposteur ! Allez vous en ! Partez d’ici ! 
Urashima s’éloigna d’un pas lent vers la mer. En pensant à la princesse Otohime, qu’il aimait tant, il s’assit dans le sable et versa des larmes, longuement, inconsolable.
  
La deuxième histoire est la fable « Le lièvre et la tortue » telle qu’on la raconte au Japon – adaptée à la société japonaise.

Elle commence de la même manière, mais la morale n’est pas la même. Au départ, un pari entre le lièvre, vantard, et la tortue, dont la réputation de lenteur n’est plus à faire,  mais qui démontre d’autres qualités, très prisées au Japon. La tortue, donc, suant et soufflant, se hâte avec lenteur vers le but fixé, tandis que le lièvre, méprisant, « s’amuse à tout autre chose, broute et se repose ». Quand il voit que la tortue touche presque au but, il s’élance, mais trop tard ! La tortue est arrivée la première. Et elle n’a même pas l’air si fatiguée que ça !
On découvre alors, et c’est la morale de l’histoire, qu’elle avait posté une dizaine de ses amies, cachées à intervalles réguliers derrière les bosquets tout le long du chemin, et qu’elles avaient fait une course de relais. Cette morale à la japonaise est un hymne au travail en équipe et à la coopération, à l'opposé de l’individualisme français. 
Mais je me suis égarée bien loin de Key West. J’y reviendrai dans un prochain billet, car j’ai fait de nouvelles découvertes sur mes ancêtres.




[1]http://www.canalacademie.com/ida5243-Vraie-soupe-a-la-tortue-ou-faux-potage-tete-de-veau.html?var_recherche=soupe%20a%20la%20tortue

jeudi 18 février 2016

Le chemin de fer de Key West

Dans sa dernière lettre, Louis Mouton parlait avec enthousiasme du projet de chemin de fer, qui devait relier d’île en île Key West à la Floride. Un projet pharaonique, pour l’époque, sur 200 km au milieu de l’océan. Mon aïeul Louis n’a pas eu la chance, hélas, de voir la réalisation de ce projet. Mais sa femme Georgina et son frère Charles ont dû être témoins de cette avancée technologique. Alors, j’ai cherché dans les archives pour vous raconter l’histoire de ce chemin de fer.

Le « Florida East Coast Railway » (FECR) est né de l’idée de Henry M. Flagler, à l’origine un ingénieur spécialisé dans les hydrocarbures. Flagler avait créé en 1868 avec John Rockefeller et Samuel Andrews la raffinerie Rockefeller, Andrews et Flagler Oil, qui allait devenir la société par actions Standard Oil. Vers 1877, la Standard Oil était considérée comme la plus grosse et la plus riche compagnie industrielle du monde.

Mais en Floride, le développement économique était lent. En 1878, la ville de St. Augustine, la plus vieille cité du pays, avait un grand potentiel mais personne pour l’exploiter. Lors d’un voyage privé dans cette ville, Flagler, la trouvant charmante, décide d’en faire son prochain projet d’entreprise. En 1885, il abandonne son poste à la Standard Oil de New York et revient à St. Augustine pour s’occuper de régler ce qui constituait, selon lui, les deux principaux problèmes : les hôtels et les transports. Il fait construire l’hôtel Ponce De Leon, puis décide de créer des chemins de fer. Ainsi commence l’histoire du Chemin de fer de la Côte Est de Floride (FECR)[1].

En 1895, Flagler rachète les lignes de Jacksonville, St. Augustine, Halifax et Indian River, puis fonde celles de West Palm Beach, Palm Beach et, en 1896, de Miami. Mais c’est entre 1904 et 1912 que la FEC est chargée de la plus grande prouesse technologique de l’histoire des Etats-Unis : la construction de l’extension de la ligne jusqu’à Key West. En 1905, la FEC commence les travaux à partir de la Côte Est, et réalise la première section ferroviaire entre Homestead et Jewfish Creek. En 1905, elle construit un remblai à Key West pour y bâtir la gare, terminus de la ligne. Les ouvrages se succèdent, en particulier un grand pont de 10 km au-dessus de la mer en 1908.  
 
La construction du chemin de fer de Key West (Flagler Museum)
https://flaglermuseum.us/history/florida-east-coast-railway

Enfin, le 20 janvier 1912, un train spécial avec wagons-lits Pullman part de New York à destination de Key West. Le 21 janvier, les ingénieurs de la FEC mettent en place définitivement la dernière poutre en acier du pont de Knight’s Key. La locomotive 201 arrive à Key West à 2h 45 du matin. C’est la première locomotive avec une équipe qui traverse le pont Bahia Honda et teste les rails dans les îles des Lower Keys. Le premier train FEC arrive à Key West à 10h 30 du matin le 22 janvier avec à son bord, Flagler, 82 ans et sa jeune femme Mary Lily Kenan, 45 ans, dans un wagon-bureau luxueux avec trois chambres, une cuisine, un salon et un bain privé. Le service régulier pour les passagers commence le même jour à 17h avec un départ de Key West vers le continent.


https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/
Florida_East_Coast_Railway_first_Key_West_Train_1912.JPG

Le 23 janvier, après un défilé pour commémorer l’ouverture de la ligne de chemin de fer au-dessus de l’eau, un banquet est organisé dans la caserne des marins de Key West, au cours duquel on lit un message du président Taft et Flagler prononce un petit discours.

L’inauguration de cette ligne légendaire eut lieu deux ans et quelques mois à peine après la mort de Louis Mouton. On comprend qu’il avait du voir les travaux à un stade déjà assez avancé. Et quand Flagler mourut à son tour en 1913, âgé de 83 ans, la FECR reliait toute la côte est de la Floride, depuis Jacksonville jusqu’à Key West.

Tout alla bien pendant une quinzaine d’années. Les habitants de Key West appréciaient ce nouveau moyen de transport économique. Un aller et retour de Key West à Long Key coûtait $2.60, un aller simple de Jacksonville à Key West coûtait $20.34. On pouvait même aller jsqu’à New York, avec plusieurs changements, pour $77.00. Mais en 1926, le boom économique dans la région du sud de la Floride et dans les Keys s’interrompt. Les habitants du comté de Monroe approuvent alors un emprunt de $2.5 millions pour lancer la construction d’une autoroute au-dessus de la mer.

Autre problème : en 1927, un hiver rigoureux suivi d’un été frais dans le nord de l’Europe soulève une polémique. Les Européens pensent que les travaux de dragage et de remplissage du fond marin ont provoqué un changement du cours du Gulf Stream. Ils accusent Flagler d’avoir déplacé le contrôle du climat. Pourtant, les études du Bureau hydrographique et du Bureau météorologique américain montrent que rien ne prouve que l’extension de la ligne ferroviaire à Key West ait modifié le passage du Gulf Stream.

 En 1928, une route est ouverte à partir de Miami en passant par Card Sound. Les voyageurs peuvent continuer vers Key West en empruntant des routes et des ferries, mais cela prend beaucoup de temps.

Sur ces entrefaites, en octobre 1929, Wall Street s’effondre et c’est le début de la Grande Dépression. La FEC, ne pouvant plus payer les intérêts de sa dette, fait faillite en 1931.

Le gouvernement de la Floride crée alors le District de la Route et du pont à péage, chargé de construire une autoroute sur la mer de Lower Matecumbe Key à Big Pine Key pour éliminer les ferries.

Une petite parenthèse pour vous situer les « Keys ». Les Keys (de l'espagnol « cayo », îlot rocheux) sont un archipel situé à l'extrémité méridionale des États-Unis, dans le détroit de Floride qui relie l'océan Atlantique au golfe du Mexique en séparant la péninsule de Floride et l'île de Cuba. Il délimite la baie de Floride au nord en s'étirant des environs de Miami en direction du sud-ouest puis de l'ouest jusqu'à Key West ; il se termine sur l'île inhabitée de Dry Tortugas. Key West se trouve à 145 kilomètres de Cuba.
 
L'archipel des Keys et Key West
Google Maps

Les Keys se composent d'un millier d'îles et d'îlots. Exception faite des îles sablonneuses situées à l'extrémité nord de l'archipel, les Keys constituent les derniers vestiges de vastes récifs qui commencèrent à se former ici, il y a de 10 à 15 millions d'années, alors qu'une mer peu profonde submergeait la région[2].

Fermons la parenthèse et revenons au chemin de fer de Key West. Le premier lundi du mois de septembre 1935, jour de la fête du travail (Labor Day), un terrible ouragan dévaste les Upper et Middle Keys, faisant de nombreux morts et coupant la route directe jusqu’à Key West pour la première fois depuis 1912. Des kilomètres de talus sont emportés et par endroits les rails de la voie ferrée sont arrachés à une grande distance du ballast. Les ponts, cependant, résistent sans trop de dommages. Mais les Etats-Unis sont en plein dans la Grande Dépression et la FEC, toujours placée sous administration judiciaire, n’a pas d’argent pour financer les réparations.

Devant cette situation, en 1936, le Conseil de la Ville de Key West et la Chambre de Commerce de Key West, passent conjointement une résolution pour abandonner la ligne de chemin de fer « extension de Key West » et fournir aux îles des Florida Keys et à Key West un moyen de transport satisfaisant et adéquat sour la forme d’une autoroute sur la mer.

Ainsi se termine la brève histoire du chemin de fer de Key West. En 1938, la FEC abandonne ses droits à la société d’autoroute, lui permettant d’utiliser les anciennes voies de chemin de fer pour les transformer en autoroute. Et le 2 juillet 1938, c’est l’ouverture officielle de l’autoroute « Florida Keys Overseas Highway » jusqu’à Key West en reliant toutes les îles des Keys depuis la Floride.





[1] https://www.fecrwy.com/about/history
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Keys_(Floride)