jeudi 9 octobre 2014

Portraits d'ancêtres

Le généathème proposé par Sophie Boudarel ce mois-ci nous suggère de brosser des portraits d’ancêtres d’après une photo.

Je vais vous présenter un couple : l’oncle Georges François (mon grand-oncle côté maternel) et sa femme, la tante Marie. Georges Charles Jean Baptiste est né le 19 janvier 1878 à Prémont, arrondissement de Saint Quentin (Aisne). C’était le premier enfant de Maria Eugénie Marie Rose HAMET, âgée de 18 ans. Georges était un enfant naturel que Maria avait eu d’un homme marié. Pour étouffer le scandale, l’année suivante, le 12 avril 1879, à Prémont, Maria a épousé Louis Xavier Victor François, et celui-ci a généreusement accueilli le petit Georges comme son propre fils. L’enfant a été légitimé par le mariage de Maria avec Louis, et Georges HAMET a pris le nom de Georges François.

Georges était le premier enfant d’une longue série. Chaque année, Maria tombait enceinte. J’ai compté 16 enfants nés viables (dont des jumeaux qui n’ont vécu que quelques semaines) et deux enfants morts-nés. Les conditions de vie devaient être dures car l’un après l’autre ces enfants mouraient en bas âge. Maria, fatiguée par ses grossesses successives, n’avait sans doute pas assez de lait pour les nourrir convenablement. De tous ces enfants, n’ont survécu, hélas, que Georges, Jeanne, Marcel (mon grand-père), Flora et Damien.

Marie Angéline LETHIEN (tante Marie) est née le 15 janvier 1880 à Gauchy, arrondissement de Saint Quentin (Aisne). Elle était la fille de Charles Ferdinand LETHIEN, manouvrier, et de Marie Reine Victoire BERNARD. Marie était la 6ème et dernière enfant de la famille. J’ai bien connu tante Marie. C’était une femme active, coquette, bavarde et rigolote. Elle était une bonne cuisinière et avait travaillé plusieurs années comme bonne à tout faire dans un café-restaurant à Paris. Elle n’avait pas fait d’études. A cette époque, à la campagne, l’assiduité à l’école n’était pas trop strictement exigée, surtout pour les filles. Tante Marie avait travaillé, très jeune, dans les champs de betteraves au lieu d’apprendre l’orthographe. Devenue adulte, et entrée dans notre famille par son mariage, elle nous envoyait des lettres gentilles et amusantes, mais bourrées de fautes. C’était écrit phonétiquement (comme aujourd’hui les SMS) dans un style parlé très vivant.

Tante Marie et oncle Georges avant la guerre
(collection personnelle) 

Sur la première photo, qui date d’avant la guerre, Marie et Georges sont debout devant un décor de verdure, comme on les représentait à l’époque chez les photographes. Georges appuie sa main gauche sur un petit guéridon. Ils sont tous les deux plutôt corpulents. Sur la seconde photo, prise après la guerre (je n’ai malheureusement pas la date exacte), ils ont bien changé. Le visage amaigri, plus minces de corps, je les trouve plus beaux, selon nos critères actuels. Ma grande-tante Marie est assise dans un fauteuil en bois sculpté et l’oncle Georges (que je n’ai pas connu car il est mort à l’âge de 49 ans) est debout à côté d’elle, la main posée sur le dos du fauteuil. Je crois qu’il tient une cigarette dans son autre main. Ils ont encore des cheveux bien noirs. On est en 1918 ou 1919. Marie a 38 ans et Georges 40 ans.



L’oncle Georges est mort prématurément d’une maladie infectieuse, le charbon, le 5 janvier 1927 à Paris (à l’hôpital Saint Joseph). Il allait avoir 49 ans deux semaines plus tard. Le couple n’avait pas pu avoir d’enfants.

Tante Marie a survécu à son époux de longues années. Elle ne s’est jamais remariée. Elle est morte dans son petit appartement parisien le 11 janvier 1968, âgée de 87 ans. Elle avait été veuve pendant 41 ans...





1 commentaire:

  1. Nos parents ont connu "les restrictions" (comme ils disaient) durant l'Occupation, mais je vois que la Première Guerre mondiale a eu le même effet sur les silhouettes !

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